Dans cette période post #me two et suite à la sortie de ma BD pour laquelle on m’a posé  des questions sur le surf féminin, Moi, garçon semi-manqué ( ou fille semi-réussie?) aimant l’adrénaline, traîner avec ma bande de potes et refusant l’idée de la maternité et des responsabilités qu’elle entraîne, je me suis posée à nouveau la question centrale de ma vie:

Qu’est ce que c’est qu’être une femme?

Dans mes plus jeunes souvenirs, j’ai toujours eu des remarques sur ma musculature. A 6 ans on m’appelait déjà Stallone. On me faisait souvent la remarque sur mes attributs peu féminins tout en étant dévisagée par le regard lubrique de certains hommes car j’avais un joli minois très poupin. D’où cette ambivalence en moi qui persiste encore et toujours . Cela a provoqué pas mal d’incertitudes et a mis le désordre dans ma tête. Mais cela a construit la personne que je suis.

Alors c’est quoi être une femme de nos jours?

Si être une femme c’est avoir envie de séduire, d’être sensible aux jolies choses, d’être tendre et chaleureuse, alors ou je suis une femme!

Si être une femme c’est d’avoir accepté trop souvent de coucher et d’avoir baissé les yeux en souriant timidement lors d’abus divers, alors oui je suis une femme.

Par contre si être une femme c’est s’occuper de la maison, cuisiner des gâteaux pour ses enfants, se faire des manicures, aimer le shopping et aller chez le coiffeur, accepter l’injonction permanente des médias à être sexy, alors je ne suis femme qu’à moitié, et je le revendique.

Je suis devenue maman à 39 ans et j’ai du assumer ma féminité. Avant de devenir mère, j’ai voulu accumuler  toutes les expériences possibles d’insouciance, de liberté, de rencontres à travers le monde. Au début je rejetais le fait d’être enceinte car cela allait à l’encontre de ce personnage aventurier que je m’étais construit.

femme surfeuse enceinte
@fabrice rehel »enceinte »

Puis ,j’ai accepté et j’ai découvert le bonheur d’être maman. Il m’a semblé mieux comprendre la vie, mieux comprendre les gens, mieux comprendre les autres femmes.

Les premières années, j’ai eu la prétention de ne pas faire comme les autres. Je ne voulais pas abandonner ma vie d’avant ( qui me manque tous les jours ). J’ai  refusé de laisser tomber ce que j’étais. Alors j’ai continué à surfer, à voyager à la roots, à faire la fête. J’ai construit une maison, j’ai crée une BD pour laquelle j’ai assumé la promo tout en restant prof d’EPS. Je suis devenue un peu plus ordonnée, organisée, j’ai fait des gâteaux au yaourt et cuisiné des légumes BIO au quotidien…

Bref j’ai voulu TOUT faire!

Lors de notre 2ème trip avec bébé au Maroc: un voyage entre épuisement et bonheur qui a mis fin à mes désirs de voyage roots

C’est alors qu’une fatigue accompagnée de chute de tension chronique est apparue. Je mettais ça au départ sur le manque de sommeil puis j’ai compris que c’était autre chose de plus profond. J’ai compris qu’il fallait ECOUTER les signaux d’alerte que notre corps nous envoie. A trop vouloir faire, à trop vouloir accumuler de  vie, je me suis coupé l’herbe sous les pieds et j’ai perdu l’énergie de vivre.

Donc pour moi être une femme aujourd’hui c’est être capable de TOUT faire, car nous en avons les capacités physiques et mentales mais c’est savoir le faire avec parcimonie. Il faut se faire épauler en déchargeant 50% du travail de la maison à son compagnon !!! Il est vital de s’éloigner de la perfection que l’on impose tous et toutes au fait d’être une femme épanouie et accomplie. Car ne sont pas seulement les hommes qui nous impose cette idée, ce sont souvent les femmes entres elles qui se jugent et se comparent.

Une femme peut Tout faire, mais elle ne doit pas TOUT faire!

Pour ma part j’ai du faire le choix de:

  • Ne plus partir en trip à la roots pour quelques temps ( vivement que titi grandisse, et que ce covid disparaisse!). Il me faut un minimum de confort.
  • De continuer à surfer aussi souvent que possible mais seulement si je suis en forme ( Je ne surfe plus les jours où je travaille car je n’arrive pas à assumer physiquement les 2 puis m’occuper de l’enfant le soir)
  • De prendre un temps partiel ( 60%) pour me consacrer à une activité de dessinatrice de BD plus reposante et plus stimulante. J’ai donc fait le choix de réduire mon niveau de vie
  • De ne pas avoir une maison impeccable et d’avoir un placard à vêtement en forme de boule
  • De mettre mon fils à la crèche même quand je ne travaille pas pour avoir le temps de surfer, ou de souffler!

Je regarde toujours avec admiration mais avec une pointe de curiosité les femmes qui assument tout: le ménage, la cuisine, la charge mentale d’être mère, le travail, le mari à cajoler le soir et qui font du sport 4 fois par semaine? Comment font-elles? Elles doivent avoir un repos hyper réparateur et de l’énergie à revendre.

femme forte belle et rebelle
@Audrey shintu ( la chère graphiste de ma BD) « belle et rebelle ». Oui nous sommes fortes! Oui nous sommes puissantes, oui nous somme libres !!!

Je connais des femmes malheureusement qui ont réussi à tout gérer pendant des années et à qui , passé la quarantaine, leur corps a joué un mauvais tour.

Je ne supporte plus l’injonction des médias ou des réseaux sociaux qui ,sous couvert de féminisme, ont inconsciemment poussé les femmes à s’épuiser et à culpabiliser de ne pas réussir à TOUT faire.

Malgré toutes mes renonciations, je reste souvent fatiguée comme la plupart des mes amies ( la fatigue des femmes est le mal du siècle) sauf quand je suis dans l’eau, cela me revigore et me rebooste le mental!

Parlons surf maintenant!

On m’a posé la question: Qu’est ce que le surf féminin?

Le surf c’est du surf, quelque soit notre genre. On est la surfeuse ou le surfeur que l’on veut, que l’on peut: un(e) surfeur(se) du dimanche, un(e) surfeur(se) de gros, un(e) surfeur(se) en longboard par petites conditions.

 

Dans le Surfer’s journal n°142, l’artiste peintre Fabrice Rehel écrivait:

« Dans l’eau barbotent autant de surfeurs.ses que d’individus happés par les mêmes quêtes de plaisir, de grâce, d’ivresse du contact avec la nature, de goût de l’effort. Il ne faut pas attendre de l’avènement des femmes au peak que les règles du surf changent. Ces règles ne sont pas des règles masculines.  »

 

Mais il ne faut pas sous estimer notre différence physique, même si c’est parfois politiquement incorrect. Je suis féministe et j’ai toujours réussi à rivaliser sportivement avec mes pairs masculins. Quand j’étais enfant et que j’étais championne de judo, je mettais à terre tous les garçons que j’affrontais sur le tatamis qui partaient en pleurant dans les bras de leur mère. J’en étais assez fière. Puis arrivée à 12 ans, ce n’était plus possible. Les compétitions se sont démixifiées.

En surf, c’est la même chose: à niveau et à expérience égale, il faut accepter en tant que femme, que souvent les hommes ont des aptitudes physiques supérieures aux nôtres. Ils sont en moyenne une VMA plus élevée, une musculature plus puissante et une aptitude à prendre des risques plus importante. Ce n’est pas anti féministe de dire ça au contraire! C’est reconnaître les différences et les accepter.

comparaison VMA homme femme

Mon compagnon est capable de surfer 4 heures d’affilé dans des conditions onshore et tempétueuses tout en ayant pas dormi car le petit s’est réveillé la nuit après avoir travaillé toute la journée.

extraits de mon article: les craintes d’une future maman surfeuse

Pour conclure sur ce sujet délicat, je voudrais demander aux femmes d’être plus indulgentes envers elles-mêmes et envers les autres femmes. On demande beaucoup aux hommes d’évoluer, d’être moins matcho, de changer leur regard sur les femmes. Cette lutte est bien sur essentielle  et je suis bien placée pour en parler, mais il faut l’associer à la lutte pour changer le regard des femmes sur elles-mêmes et sur les autres. Pourquoi les femmes se sentent toujours en rivalité face à une autre femme qui réussit , pourquoi les femmes jugent elles les autres femmes qui ne suivent pas le chemin tracé de la féminité? Pourquoi les femmes s’infligent-elles de tout réussir: être sexy, sportives, mères, travailleuses.

BREF un long débat houleux sans fin.

En parlant de HOULE, ça fait bien longtemps qu’on a pas surfé en méditerranée. A quand la prochaine houle? En ce moment je suis beaucoup plus maman que surfeuse et vous?

kiss

Anne

 

 

 

 

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