ou: Faut-il être riche pour surfer?
5 euros le coca…Ca passe mal et à chaque gorgée je culpabilise et je rumine intérieurement.
Nous sommes à Seignosse dans les landes, lieu jadis isolé, gris et pluvieux au taux de suicide hivernal qui battait tous les records. C’est sûr, vaut mieux y vivre maintenant: c’est fun, c’est cool, tout le monde est beau et souriant! Mais à quel prix?
Je viens de passer 1 semaine dans le pays basque. Une amie nous avait prêté sa maison à Anglet. C’est en discutant avec son fils qui travaille dans la boutique Rip Curl de la chambre d’amour que l’idée de cet article est venu. Il nous fait part que depuis 3 ans, le pays basque ne désemplit pas, été comme hiver. Ca leur est arrivé comme ça, du jour au lendemain. Fini le calme. Imaginons nous, méditerranéens que nous sommes, que l’invasion touristique estivale se passait toute l’année!!! On aurait du mal à le supporter ! Embouteillages et inflation radicale garantis!
Je lui demande alors: » Mais qu’est ce qu’ils fait « Le surfeur local basque » face à ce phénomène? Ils ne sont pas trop énervés? Parce que j’avais déjà expérimenté y’a 15 ans le localisme basque, et bon…on peut dire qu’ils protègent leur culture et leur spot de surf. »
Il me répond: » ben rien…c’est comme s’ils s’étaient résignés…et comme moi, ils laissent la place: on est obligé de s’éloigner pour pouvoir se loger. »
C’est le côté soudain et l’importance de cette exode parisienne qui les a laissé pétrifiés. Maintenant, faut accepter et apprendre à vivre avec.
Pour lutter contre ce phénomène la communauté d’agglomérations du pays basque essaie de réglementer les locations saisonnières sur air bnb pour que les « enfants du pays » puissent se loger.
Je me dis qu’il faut laisser un peu de temps aux mairies pour analyser et gérer ce phénomène. Ils ne peuvent pas laisser aller cette inflation ! Ils vont se tirer une balle dans le pied autrement.
C’est comme tout: ce paradis vert et émeraude basque a été découvert. Tout le monde veut y gouter et ils sont prêts à y mettre le prix.
La même remarque m’a été faite à Hossegor par la responsable de la zone nautique du lac d’Hossegor que j’ai rencontrée par l’intermédiaire d’une amie. L’arrivée massive des parisiens qui persiste toute l’année et profitent du télétravail ( génération post covid) pour vivre au bord de l’océan a des répercussions positives bien sur, mais pour les locaux ça complique les choses: Elle a besoin de 5 moniteurs de voile pour la saison ( qui a déjà commencé) mais n’en trouve aucun: Les loyers sont trop chers, elle ne peut pas les loger ( et eux non plus ne trouvent pas de locations) Dormir en van est interdit partout ( snif, snif, le bon vieux temps) et le prix des emplacements de camping est devenu tellement ahurissant, qu’ils ne risquent plus de me voir y planter ma tente !
Alors je me pose cette question: Faut-il être riche pour surfer de nos jours? Le surf est-il maintenant une activité réservée aux gens fortunés qui ont le privilège d’avoir les moyens d’habiter au bord de l’océan. Ils surfent le matin, font du golf l’après midi et sirotent du champagne en regardant le coucher de soleil du bar qui domine la côte des basque. Le surf n’est-elle plus une activité gratuite alors que nous l’avons tous aimé pour cette sensation de liberté ?
Et ne parlons pas du prix des boards et du néoprène…
En écrivant cet article, je viens de réaliser que je suis moi-même chanceuse d’avoir réussi à devenir propriétaire avant le covid sur la côte bleue…J’ai le privilège de surfer dès que j’ai un créneau sans me poser de questions. Allez, je vous laisse, j’entends le vent se lever…je vais aller checker!
Anne
Bien sûre que le surf est un sport de riche et tu en fais partie. Maison sur la côte bleue, van,vacances,voyage..reste connectée ne perds pas le fil