Pour ce deuxième interview, j’ai pensé à ma pote de longue date: Claire Brochard, alias « Brochette ». On a débuté le surf et le parachutisme ensemble il y a une quinzaine d’années. J’ai abandonné le parachutisme il y a 12 ans pour me consacrer au surf et aux voyages ( budget oblige: il faut faire un choix). Elle a continué, jusqu’à être depuis quelques années parmi les meilleures « freeflyeuse » de France. Elle n’a jamais abandonné le surf qui reste son premier amour.

Surfeuse: Te souviens tu de tes premières sessions de surf et de tes premiers sauts?

Brochette: Oui! Biensur! C’était en 2005, je viens de la région parisienne ( Gagny 93) et je venais de m’installer sur la côte bleue. Sur Paris, on était une bande de potes, profs d’EPS et on organisait régulièrement des week-end sportifs. Certains d’entre eux surfaient et nous ont fait découvrir le surf sur la côte atlantique! C’était trop bien! J’ai passé la journée dans l’eau, j’étais à fond!  Le surf pour moi, j’en rêvais depuis que j’avais 15 ans mais c’était pas imaginable en habitant à Paris. J’ai commencé à 27 ans. Depuis, je surfe dès que je peux sur la côte bleue ou lors de mes voyages.

surfeuse côte bleue
Brochette sur la côte bleue

J’ai débuté le parachutisme en juillet 2002, sur l’aérodrome de Pau. Toujours en compagnie de ces mêmes copains. Les débuts sont différents: j’avais tellement d’appréhension! C’est le contraire du surf. Quand tu débutes en surf, tu peux te jeter dans des conditions qui ne sont pas à ton niveau car tu ne réalises pas le danger. C’est à ce moment là que tu te fais peur. Et pour surmonter cette peur ça peut prendre du temps. Les premiers sauts en parachute, tu te « chies » de sortir de l’avion, car c’est un environnement que tu ne connais pas. Le passage de la porte c’est ce qu’il y a de plus flippant! Au fur et à mesure tu prends confiance, tu es de plus en plus à l’aise et cela devient une activité sportive comme une autre.

S: Est ce que l’on peut considérer le parachutisme comme un sport de glisse?

B: Les deux activités sont de la glisse. Mais en parachutisme, je trouve qu’il faut beaucoup de pratique pour ressentir la glisse avec ton corps. Au début, tu es figé dans une position, à plat, tête en haut ou tête en bas. C’est trop bon ce rapport à l’air, à la liberté! Mais c’est de la chute, pas de la glisse. Au fur et à mesure tu ressens vraiment la sensation de glisse qui est plus subtile quand tu commences à maîtriser les déplacements dans toutes les dimensions. C’est grâce à la soufflerie que j’ai pu ressentir ça. Je fais tout en visuel, et là tu te sens vraiment glisser.

surfeuse freefly

A tous les niveaux, c’est trop bon! C’est illimité comme sensation et comme évolution. Ce sont des sensations que l’on n’aura jamais sur terre.

S: Je sais que le parachutisme t’as aussi amené à voyager sur les plus belles drop zone du monde. Et qu’il y a souvent des vagues dans ces pays. Raconte nous tes plus belles destinations parachutisme/surf.

B: Mon dernier gros voyage c’était que pour le surf. La saison de parachutisme est longue, et dès que l’on peut, on voyage pour faire du surf ou du windsurf. Je travaille en tant que prof d’EPS la moitié de l’année ( de septembre à fin janvier) et les week-ends je travaille avec mon compagnon pour notre école de parachutisme: Vertical Wind. Nous proposons des tandems et des formations PAC sur les aérodromes de Pujaut ( vers Avignon) et de Gap.

En octobre dernier, j’avais vraiment envie de voyager que pour surfer. On est allé au Srilanka: c’était super! Je n’ai jamais autant apprécié un voyage surf, je n’ai jamais pris autant de vagues! On part souvent au Maroc aussi, sur l’aérodrome de Benni Mellal où on organise des stages de parachutisme. Dès qu’on peut s’échapper de la drop zone, on va surfer ou windsurfer aux alentours d’Essaouira. Sinon, on est allé à Tahiti pour surfer et sauter, ainsi qu’en Guadeloupe. J’ai préféré la Guadeloupe car les spots étaient plus accessibles. T’as pas la boule au ventre en pensant aux requins ou au corail. C’est pareil pour l’Afrique du sud…les requins sont présents toujours dans ta tête.

surfeuse tahiti vague
ma seule photo à Tahiti…j’étais pas si tranquille!

S: Quelles sont les plus belles vues du ciel?

B: Moréa bien sur! Tu jumpes au dessus du lagon! C’est une petite île aux couleurs de fou! Mais la Guadeloupe vue d’en haut c’est très beau aussi ainsi que la corse. Les couleurs et la côte escarpée sont extraordinaires vus du ciel et c’est pas loin! J’aime bien aussi la vue au dessus d’Aix en Provence: d’un côté tu vois la Sainte Victoire, d’un autre tu vois l’Etang de Berre et plus loin Marseille et la mer. Marseille c’est super joli aussi avec ses petites criques, l’eau turquoise ,ses îles et la roche blanche.

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La Guadeloupe vue du ciel

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La drop zone de Moréa

S: Tu as participé à différents records féminins de free fly ( pratique qui consiste à réaliser des figures autres qu’à plat :tête en haut, tête en bas, dans l’angle, etc). Peux tu me raconter comment ça se passe?

B: Pour le record de France, on a commencé l’entraînement en petit groupe. Comme beaucoup de filles, je me posais beaucoup de questions: est ce que je serai capable de gérer la pression? Est ce que j’ai le niveau? On a commencé à 6 puis à 9, et petit à petit on a pris confiance et on a progressé. On a fini à 16 en étant largué par deux avions.C’est trop bon de voir les autres se mettre en place dans l’avion d’à côté! Nous avons réalisé le premier record féminin freefly de France! La photo d’en dessous, c’est le 1er record féminin d’Europe qui s’est déroulé à Séville il y a 3 ans. On était 25. A l’occasion, j’en ai profité pour aller surfer vers Tarifa.

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Record d’Europe féminin de free fly

Puis une des nanas qui s’occupait du record du monde ( en France nous avons parmi les meilleurs parachutistes mondiaux) m’a proposé d’y participer. CA m’a boosté pour continuer à m’entraîner! Cette année là, j’avais fait pas mal de soufflerie, j’avais assez confiance. On s’est toutes retrouvées sur la drop zone de Eloy Phoenix en Arizona. En plein désert. Au bout de 2 jours d’échauffement, on commence les sauts de tentative.Y’avait 5 avions, dont 1 avion avec la base. Lors du 3ème saut de tentative à 65, j’ai carrément merdé à la sortie de l’avion. Tout c’est bien passé, mais ça aurait pu être dangereux pour les autres filles. Le manque d’expérience, sans doute, et le stress. Du coup, je n’ai pas participé au saut du record final. Mais c’était une super expérience humaine et sportive.

Record du monde dans le désert d’Arizona à 63 , 2015

S: Je te connais, et je sais que dès que des conditions de surf sont annoncées, tu es là!!!

B: Oui, je suis trop à fond pour le surf, j’ai trop envie de surfer tout le temps! Sans doute aussi car il y a beaucoup de moments dans l’année où je ne peux pas surfer. Alors quand c’est la rentrée en septembre, je suis trop contente parce que je vais pouvoir resurfer à la maison! J’ai toujours la sensation de ne jamais assez surfer. Je ne me suis jamais dit:  » Ca y est, c’est bon, j’ai pris assez de vagues aujourd’hui ». Je n’ai eu qu’une fois cette sensation de satiété: au Sri lanka où on faisait 2 à 3 sessions par jour.

Brochette à domicile

S: Considères tu le surf et le parachutisme comme des sports extrêmes?

B: Pour moi, ce ne sont pas des sports extrêmes, tu ne risques pas ta vie, ni de te blesser gravement ( à part si tu prends des risques volontairement à l’atterrissage). Les deux sports sont liés: ce sont deux activités merveilleuses qui t’amènent à voyager et à découvrir d’autres pays sous un angle différent: sous l’eau, dans l’eau, vu du ciel. Le coté extrême dans le parachutisme, c’est quand tu participes aux records. Au moment de la séparation ça peut devenir très dangereux! Sinon, c’est une pratique accessible à presque tout le monde. J’ai davantage peur en surf qu’en parachutisme, ça c’est sûr! J’hallucine quand les surfeurs de gros me disent: toi tu fais du para! Tu dois pas avoir peur! Mais si! Ca n’a rien à voir! Quand les vagues sont un peu creuses et qu’elles dépassent le 1m50, j’ai vraiment la boule au ventre!

S: Tu pratiques d’autres sports?

B: Je fais du speed riding en hiver ( Le speed riding est un sport de pleine nature associant le parapente et le ski, dont le principe est de rester au sol en allant le plus vite possible équipé d’une voile de faible surface, et d’une paire de skis, en alternant le vol et la glisse). J’ai le niveau 2 en plongée sous marine, je pratique le windsurf depuis assez longtemps, mais le sport qui a la première place dans mon cœur: c’est sans hésiter le surf! Sans doute, comme je l’ai dit avant, j’ai la possibilité de sauter quasi tous les jours. Alors que du surf, je n’en serai jamais repue!

 

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