Pourquoi un trip surf en Ecosse?
Chaque été se pose la question de la nouvelle destination surf. Nous fuyons le sud de la France en juillet/Aout que nous trouvons bondée et essayons de trouver une destination exotique qui rassasierait notre besoin de dépaysement.
Je rêvais d’aller en Colombie après avoir rencontré quelques routards qui en revenaient l’été dernier au Panama. Ils m’ont tous assuré que c’était « safe »si on ne s’éloignait pas des sentiers touristiques. Les spots de surf encore déserts restent difficiles d’accès. La jungle plongeant directement sur le spot.
Avec mon compagnon, nous avons écumé une bonne partie de l’Indonésie. On se disait que ça serait bien de changer un peu. Ainsi que de retrouver la saveur du surf authentique. Le surf non surpeuplé, loin des clichés des plages de cocotiers. Pourquoi pas aller surfer dans les pays froids ? Nous avons fait quelques recherches : Alaska, Islande, Norvège et sommes tombés sur des clichés à couper le souffle du photographe : Chris Burkard
Mais sommes nous prêts pour un tel trip ? La réponse est non, me concernant en tout cas. Trop froid, trop compliqué, trop hostile…et trop cher.
L’annonce de ma grossesse nous a éloigné de toute destination tropicale où sévissent les virus Zyca, Dengue, Chicungugna et autre Malaria. J’ai pourtant demandé à plusieurs reprises à mon gynéco : « Vous êtes sûrs qu’en Indonésie le Zyca est arrivé ? » . Il m’a répondu « La grossesse est précieuse. Il ne faut pas tenter le diable. » Je me voyais bien rester un mois à Nias et me faire servir du mie goreng tous les jours avec la vue sur le spot. A mon souvenir, aucun moustique ne m’avait attaqué là-bas. Et quand c’est marée haute, la reforme des vagues est plutôt gentille pour une femme enceinte.
Finalement nous avons opté pour une option intermédiaire « Endless Winter » mais bien moins brutale que l’Alaska : le trip surf en Ecosse, en van.
Nico y a étudié pendant une année scolaire et a vécu ses premiers tubes à Thurso. C’était une bonne occasion d’y retourner.
La préparation du van était une aventure en soi. Le surfeur se crée des superstitions. Il décide de prendre tout le matéreil succeptible de l’occuper pendant les « waitings périods ». Il espère ainsi éloigner le mauvais sort du Flat ou du Onshore. Et quand on est windsurfeur en plus comme Nico, le camion a un coffre à matos doit contenir :
- Une planche de Windsurf
- Deux voiles
- Un mât
- 2 paddle gonflables
- 1 longboard
- 1 5’8
- Une 6’2
- Ma 7’2
- Un gun
- 2 matériels complet de snorkelling
- Un fusil harpon….
Encore heureux qu’il ne kite pas et qu’on ait pas de vélo…
5 jours de tourisme
Nous sommes partis le mercredi 12 juillet vers 18 heures après deux jours de préparation de van.
Deux jours plus tard nous atteignons Edinburg après une nuit sur une aire d’autoroute du centre de la France où nous avons étés réveillés par la douane qui a tenté de fouiller le camion…ils ont étés vite découragés au vu de l’ampleur de la tache pour sortir le matos. Nous avons passé ensuite une nuit au bord d’un lac Anglais, juste après Londres.
Pas de conditions de surf prévues. Cela a entraîné un grand désespoir, de longs questionnements et quelques tensions en chemin. Que faire ? Pas de dépression en vue à part celle du surfeur. C’est dans ces moments là, que je maudis ce sport :
si lunatique, si exigent si imprévisible.
Parfois j’aimerais juste être une touriste lambda et profiter seulement du pays.
Edimburg est une ville aérée, zen, à l’architecture qui a du inspirer les écrivains de contes de fées. On peut y rencontrer des sorcières en lévitation et des vampires qui vous accompagnent à la rencontre de lieux hantés.
Nous avons visité la ville pendant deux jours en nous occupant comme de bons citadins : visite du château, pub ( ils ont de la très bonne bière sans alcool), resto, café et même cinéma
Nous avons ensuite pris la route pour les highlands.
Cette partie de l’écosse est vallonnée et les lochs ( des lacs) sont partout. Nous avons fait un détour par le Loch Lomond qui figure sur les sentiers touristiques mais le trafic routier nous a fait fuir au plus vite. Et les lochs, y’en a tellement que ça ne valait pas le coup.
Nous avons continué jusqu’à Glencoe. Enfin nous nous sommes sentis imprégnés et immergés dans la beauté verte, sauvage et parfois vertigineuse de l’Ecosse.
Le temps s’est gâte. Le soir nous nous sommes posés dans une vallée entre deux beaux sommets donnant sur une tentante cascade en altitude.
Il faisait froid, ma veste de ski n’était pas suffisante pour me permettre de rester dehors.
Le lendemain nous avons marché jusqu’à la cascade, espérant nous y baigner pour nous laver. Le chemin était assez escarpé et mes jambes de femme enceinte ne me portait plus ! Je devais faire un effort pour chaque pas, mais je voulais arriver en haut. La vue de la cascade et la tentative de baignade dans une eau gelée m’a redonné le coup de fouêt dont j’avais besoin pour continuer ma journée.
Nous avons repris la route en direction de l’île de Skye. Nous voulons y attendre les conditions de surf avant de prendre le ferry . Ce qui est fabuleux en Ecosse, c’est que toute la route est magnifique et vaut le peine d’être parcourue.
« Rien n’est laid ici, même les abords des villes sont agréables ! »
Après moultes réflexions et « chechage » météo, les conditions ne nous ont donné aucun signe d’urgence. Nous avions le temps et le temps justement était au beau fixe. Nous avons décidé de profiter de l’île de Skye au maximum.
Ile de Skye
L’île de Skye est superbe. Il est très facile de trouver sur le bord de la route ou bien en prenant de petits chemins au hasard, des spots magnifiques et sauvages, pour dormir. Nous avons passé 5 jours sur place en suivant les recommandations du « rough guide » que Nico avait téléchargé en format Kindle sur son téléphone. Nous sommes donc allées sur cette plage de sable blanc, la seule de l’île qui semble être posée là de manière volontaire par l’homme. Le premier phoque est venu nous saluer à une dizaine de mètres du bord. Cette couleur d’eau nous forcément envie de s’y jeter. J’ai essayé. J’ai abandonné…
Une autre journée nous a amené jusqu’à un canyon bien encaissé mais accessible du parking, où au milieu coule une belle cascade dans des eaux marrons foncées. Un quart d’heure de marche suffisent pour atteindre le bassin.
Je n’ai pas hésité cette fois, j’enlève mes vêtements et me jette seule dans l’eau. J’adore les cascades, surtout si elles sont sauvages. C’aura été ma première douche du trip. Nico a suivi le cours d’eau et est allé faire du snorkelling à l’embouchure : c’était le lieux de chasse du Lieux ! Il prend son fusil harpon et nous ramène pas peu fier deux gros énergumènes ( que l’on a d’abord pris pour des saumons : fantasme oblige) ainsi que le plus gros tourteau que je n’avais jamais vu.
Nous faisons un feu le soir même et cuisinons le poisson de trois sortes différentes : en sashimi, en ceviché et au grill. Le tourteau sera savouré après 25 minutes dans du court bouillon.
Le trip surf en Ecosse est aussi un road trip : pas besoin de faire beaucoup de choses, il suffit d’ouvrir les yeux et d’accepter le bonheur que nous offre ces paysages. En voilà quelques exemples. Le coucher de soleil sur le nesting point est un incontournable.
Un trip surf en Ecosse ne peut pas se passer de Fish and Chips. Et la jolie ville de Portrie est le lieux idéal pour en déguster un, face au petit port, entourés de mouettes gourmandes et agressives.
Le trip surf en Ecosse commence!
Une semaine après notre arrivée, nous tentons de trouver des vagues.
Les routes sur ces îles sont étroites et biscornues ! Faire le tour des spots en ne pouvant rouler qu’à 20 km/h, ça va pas le faire ! Nous croisons en voitures d’autres touristes, lors de « passing lane », qui tiennent une énorme carte routière. Je leur demande où nous étions : What ???? rien à voir avec la direction que nous voulions prendre … Heureusement, les paysages en valait le détour et une colonie de phoque s’est offerte à nous, et à nos objectifs photos.
La vraie route que nous devions emprunter est aussi magnifique. Elle passe par de spots de surf superbes mais il ne marchaient pas. La vue d’une houlette qui cassait presque sur le shore a réveillé notre désir de surfer.
5 heures après avoir débarque du ferry, nous atteignons enfin notre objectif
Trip surf en Ecosse
Il est 21h30, le soleil est encore haut. De petites vagues glassis déroulent. Nico n’hésite pas à se préparer. Moi, je me retrouve congelée, lasse d’une longue journée de route, je me suis dit : je surferai demain. Voilà quelques photos de cette belle sunset session.
Voilà la morale d’un surf trip en Ecosse :
– Une combinaison 5’4 neuve et chaude tu achèteras
– Cagoule, chaussons 5mm et gants 3mm tu enfileras
– Bien couvert, les vagues tu checkeras
En étant enceinte, et n’ayant pas écouté les conseils avisés de Nico , j’ai eu très très froid. J’ai raté les trois plus jolies sessions à cause de ça ! j’ai regretté de n’avoir pas changé ma combinaison Flashbomb 4’3, qui avait déjà 3 ans ! Quelle erreur.
Je pense aussi que mon corps changeait. Mon ventre devait absorber toute la chaleur restante de mon corps pour protéger bébé. Je suis sortie deux fois de l’eau prise d’une crise de froid. Je me suis donc mis en grève de surf. Nico me demande quelles sont mes revendications. Je réponds : Le droit de ne pas aller surfer ! J’ai quand même fait une petite session seule, au soleil, prometteuse. Deux vagues plus tard, le spot de fonctionnait plus…rrrghrghh… Mais au moins, cette illumination du soleil m’a permis de prendre une douche rapide d’après session, avec de l’eau réchauffée dans une grande casserole.
Quelques photos d’une session Paddle sur une plage magnifique un peu perdue : de petites lignes lisses et turquoises nous provoquaient, mais aucune de donnaient vraiment de vagues.
Nous ramons donc plus au large, à la rencontre, qui sait, des hammer sharks, où autres dauphins…mais rien…j’ai eu encore très froid. Je me suis changé dans le camion en allumant le gaz, pour essayer de me réchauffer, mais le froid transperce et reste longtemps emprisonné au fond des entrailles.
Entre les sessions fraîches plus ou moins amusantes, nous prenons la route et allons visiter.
La presqu’île abrite une plage incroyable ainsi qu’un village de l’âge de fer découvert que dans les années 90. Nous rentrons dans une de ces maisons. Nous faisons un voyage dans le temps, 3000 en arrière .
Surf trip en Ecosse
Après être resté sur le nord de l’île quelques jours, une dépression annonçait un pic de houle pour les 3 prochains jours. Nous changeons de plage . Nous y resterons 4 jours. Comme une sensation d’ »Into the Wild ».
Mais qui dit dépression, dit pluie fine et intermittente, et petit vent très frais. Les vagues sont là, mais je commence ma grève. De toute façon étant enceinte de 4 mois et demi, je ne surfe plus que de petites vagues lisses…mais c’est dur de voir les autres surfer…son mec ressortir d’une session de 4 heures avec un big smile en me disant qu’il avait tubé en longboard debout…et qu’en plus, deux surfeuses de mon niveau s’étaient apparemment gavées. J’ai eu le blues de la surfeuse fainéante…même si je savais que je n’aurais pas pu y aller, que cela n’était pas raisonnable. J’avais cette culpabilité d’avoir eu trop froid ou d’avoir été trop fainéante pour enfiler la combi.
Nous sommes resté en compagnie de James, un jeune anglais. Nico a trouvé un copain pour aller surfer, aussi motivé que lui.
Deux spots se trouvent en face de ce bus vert abandonné. Un point break en gauche, et une très longue droite, qui aime les grosse houle tout en étant massive et assez molle. Pour qu’ils fonctionnent au mieux, il faut beaucoup de houle.
Entre leurs deux ou trois sessions nous avons pris le temps d’aller à une fête agricole, typiquement « british ». Une prof française d’anglais nous a expliqué combien les écossais adorait distribuer des Awards lors de ces expositions agricoles. Award de la plus belle carotte, pomme de terre, des plus beaux œufs et gâteaux. Du plus joli bouquet de fleur des champs et de pulls en crochets. Et bien sur de la plus belle vache et du plus beaux mouton.
En parlant de vache et de moutons ! Voilà une autre de nos occupations excitantes : photographier les Béliers et les Highland cows. S’en approcher au plus prés. Une fois, l’une d’entre elle a essayé de nous courser. Ahah, un peu d’adrénaline !
Un phoque venait tous les jours nous faire coucou sur le spot et des énormes saumons sautaient autour de lui.
C’est un spot à saumon !!! Nous l’avons deviné en voyant un garde pêche squatter le fameux camion, faire virevolter sa canne à pêche au dessus du Loch. La pêche à la mouche! Les saumons remontent l’océan le cours d’eau pour atteindre le Loch.
Fort de sa première expérience avec les Lieux de Skye, il est allé chasser, sur les conseils d’un pêcheur de Saint Jacques, sur un spot isolé dans les lochs. Autant le lieu était superbe et dégageait une ambiance paisible, autant l’eau marron ne donnait pas envie. Nico se jette à l’eau, au milieu d’une colonie de phoque, bien décidé à me ramener des Saint Jacques. Il était encerclé de 2 ou 3 phoques qui se demandait qui était cette nouvelle espèce qui venait chasser dans leur territoire. Heureusement il ne sont pas agressifs, mais ils ont surveillé Nicolas tout le long de sa pêche.
Il est revenu 1 heure plus tard avec quelques moules énormes peu ragoutantes. Le soir, nous les avons fait cuire, mais….berk….elle ne nous donnait pas envie…nous les avons rejeté à la mer et avons lancé sur le feu des Noddle chinoises.
Trip surf en Ecosse
Plus dans le sud, déroule encore une autre vague dans une autre baie somptueuse. Le soleil était présent et m’a réchauffé. L’eau était cristalline et turquoise. Je me jette à l’eau dans des conditions parfaites…pour débutants.
Trip surf en Ecosse
Le soir même, nous avons migré un peu plus au sud. J’étais très peu motivée mais une superbe sunset session parfaite pour longboard et femme enceinte nous attendait. J’ai encore eu très froid, je ne suis pas restée longtemps et Nico a surfé jusque à ne plus en pouvoir, grapillant un maximum de vagues. Comme s’il faisait à chaque session des réserves en cas de disette surfistique.
Nous avons fait notre dernier nid, ici, au cœur de ses falaise immenses et cette plage à l’eau cristalline.
J’y ai fait deux bonnes sessions parfaites pour mon ventre rond.
A quelques kilomètres de là, on pouvait s’acheter d’énormes et délicieuse Saint Jacques, dans une ambiance toute écossaise.
L’ambiance qui règne en Ecosse est particulière. Elle nous fait penser à La Nouvelle Zélande, mais avec quelque chose de plus sauvage, de plus Alaska, de plus mystique.
Les gens sont d’une gentillesse sans borne, toujours prêts à te rendre service. Quelques jours plus tard les conditions de surf n’était plus au rendez vous . Le mauvais temps commençait à s’installer. Mais on ne voulait pas rentrer en France, retrouver » babylone ». Nous nous sentions si zen, si coupés du monde, si loin des préoccupations et des soucis du quotidien.
Les conditions n’annonçaient que du vent et de la pluie. Fini le surf trip en Ecosse. Nous avons embarqué le soir même vers minuit sur le ferry réservé aux camions de marchandises, et avons atteint Ullapool vers deux heures du mat.
A Ullapool nous avons fait une rasia dans une boutique de tweed et de souvenirs en tout genre. Nous avons mangé nos dernier Fish n chips, que nous avons partagé ( c’est indigeste à force) et avons pris la route du sud.
3 Jours plus tard, nous retrouvions la chaleur, les bouchons et les paysages désolés de post incendie. Notre maison est saine et sauve, le feu ayant été stoppé à quelques mètres de notre porte.
Le bilan:
Un surf trip en Ecosse ne peut se contenter de partir à la recherche de vagues. Les conditions météo sont assez difficiles et les conditions de surf aléatoires. Il faut y aller avec l’envie de découvrir un pays et de se plonger dans le vert. Nous avons eu que quelques sessions à longboard pour un mois de voyage. Mais nous avons aimé.
Nico me demande : On y retournera en Ecosse quand on aura le petit ?
Je lui réponds : Oui ! Mais avec une 5’4 cagoule intégrée !
une belle invitation au voyage, superbe récit accompagné de très belles photos.. ça m’a fait autant, voir plus vibrer qu’un récit de trip en indo qu’on pourrait trouver dans le surfer journal.. merci pour le partage. D’une façon plus générale, le blog est super, quel plaisir aussi de revoir aussi les bd des surfers.. A bientot 🙂 Kenny
Merci pour tous ces compliments Kenny! Je n’avais pas vu ton commentaire! C’est vrai que les photos rendent très bien, y’a une ambiance et une lumière si particulières! Etant fan de tes photos de trip ça me touche bcp!! Anne